S’ENTRAÎNER, COMBATTRE, TRIOMPHER. Existe-t-il, pour un cycliste, une meilleure sensation que de disputer une épreuve d’envergure à deux pas de chez soi, si ce n’est de s’imposer ? Maxime Chevalier attaquera en 2017, sa huitième année sous les couleurs de l’US Pontchâteau, là où tout a commencé. Du haut de ses 17 ans, il prépare un baccalauréat STMG au Pôle Espoirs de la Roche-sur-Yon. Le coureur de Pontchâteau disputera, le dimanche 30 octobre, les championnats d’Europe de cyclo-cross chez lui, sur le circuit de Coët-Roz. Cette semaine à l’heure où des milliers d’étudiants profiteront pleinement de leurs vacances, Maxime participera à un stage de préparation avec les autres crossmans retenus par Julien Thollet, entraîneur de l’équipe de France de cyclo-cross. Cette sélection, c’est la récompense d’un travail acharné, la consécration de plusieurs mois de dur labeur. Fort de sa saison remplie d’émotions, le Junior 2 a clairement l’intention de se hisser au plus haut-niveau. Malgré cette tendance à vouloir griller les étapes, le Pontchâtelain garde les pieds sur terre et est conscient que tout peut changer d’un jour à l’autre. Entretien avec un gamin nourri d’ambitions.
Par Camille Le Saux
(Photo de couverture ©Marie Lesage – GripGrab France)
Maxime, comment es-tu arrivé dans le cyclisme ?
M.C : « Le vélo, ça m’est venu d’un coup. Aucun membre de ma famille n’en fait et je ne connaissais personne dans ce milieu, mais j’aime ça depuis que je suis tout petit. J’ai essayé le football une année, mais c’était plus pour jouer avec les copains et ça ne m’a jamais plu. Et puis comme ça du jour au lendemain, j’ai décidé de me lancer. »
Que ce soit dans le vélo ou en dehors, une personne t’a inspiré ?
« Bryan Coquard, c’est un exemple. Il a commencé dans le même club que moi à l’US Pontchâteau et ici on le suit partout. On essaye tous de s’appuyer sur lui. »
Tu termines ta première saison chez les juniors, un gouffre avec le niveau cadet ?
« Il y a une marche à passer, surtout au niveau de la distance. Ce sont des courses très différentes. En cadets ça se regarde, le rythme est très irrégulier tandis qu’en juniors c’est totalement l’inverse. Selon les circuits la moyenne sur 100km tourne autour des 40km/h, alors forcément ça change des 33km/h de l’an passé. »
Les championnats d’Europe approchent à grand pas. Toi qui inaugures ta première sélection en équipe de France de cyclo-cross, ce maillot doit t’inspirer..?
« Oui, j’ai su ça il y a deux semaines lors de la 1ère manche de Coupe de France de cyclo-cross. Même si ça restait un objectif et que j’ai tout fait pour être pris ça reste une belle surprise, je ne m’attendais à l’apprendre à Gervans. Le maillot de l’équipe de France ce n’est pas rien, ça inspire forcément. »
Justement comment tu abordes ces championnats d’Europe ?
« C’est sûr que le niveau va être énorme. Les championnats d’Europe ce ne sont pas les championnats départementaux ! Je suis chez moi alors je sais où je mets les pieds, je vais essayer d’y aller sans pression. Mais ce qui est certain c’est que je vais donner le meilleur de moi-même. »
Ce qui frappe chez toi c’est ta polyvalence, tu t’infliges une charge d’entraînement supérieure pour être présent dans chaque disciplines ?
« Non pas forcément. Après c’est vrai que de vouloir être présent sur les trois disciplines (ndlr: route, cyclo-cross, piste) ça implique une préparation spécifique pour chacune d’entre-elles. Avec mon entraîneur on prévoit quand même des coupures entre chaque saisons, pour bien se reposer et préparer au mieux la suivante. Cette année j’ai dû malheureusement m’éloigner davantage de la route mais c’était nécessaire pour pouvoir faire du cyclo-cross et de la piste. »
« Le maillot de l’équipe de France ce n’est pas rien, ça inspire forcément. »
Si un jour tu souhaites accrocher le plus haut niveau dans une discipline tu pourrais te spécialiser ?
« C’est une évidence, et si j’ai un choix à faire la route passera en premier. »
Tu as entamé ta seconde année au Pôle Espoirs de la Roche-sur-Yon, une journée « classique » pour Maxime Chevalier c’est quoi ?
« Je suis dans une classe « normale » alors j’ai cours tout les jours. En fonction de mes horaires je vais rouler pendant les pauses. Puis j’ai la chance de terminer aux alentours de 16h et ça me permet d’aller rouler le soir. Les sorties dépendent de mon programme entraînement, de mes objectifs et de mes courses. En moyenne j’ai un à deux jours de repos par semaine. »
Le cyclisme professionnel est un cercle relativement fermé. Tu as un projet professionnel derrière ces études ?
« Oui bien sûr mais pas défini encore. Même si au pôle on a tous envie de devenir professionnel, on garde les pieds sur terre et on sait que ce ne sera pas possible pour tout le monde. On privilégie les études et puis si le vélo doit passer un jour, ça passera. »
Ton meilleur souvenir dans le cyclisme ?
« Sans aucun doute cette année lors des championnats de France sur piste à Hyères. Avec Bryan Leclaire, Jean-Louis Le Ny, Clément Davy et Quentin Fournier on a remporté le titre de champion de France de poursuite par équipes. Ça été quelque chose de fort, on avait tous préparer ça à fond, et on avait vraiment à cœur de ramener ce titre. Une victoire entre potes, c’est vraiment quelque chose d’exceptionnel. »
Un moment ou une course dont tu rêves ?
« Comme beaucoup de monde, le Tour de France me fait rêver. Les courses à étapes me plaisent, surtout quand ça monte. J’ai un profil de grimpeur et je roule pas trop mal. Mais tout ça c’est loin. Mon rêve est de passer pro, après on verra. »
Un maillot que tu rêves d’endosser ?
« Le maillot jaune sans aucun doute. »
Même si ces dernières années le climat s’est apaisé, la suspicion de tricherie plane au dessus du cyclisme. Malgré cela, ta passion n’a jamais été contrariée ?
« Non je ne pense pas à ça. J’ai lu un article hier qui révélait que le cyclisme était le 6ème sport le plus touché par le dopage. Les choses vont dans le bon sens, il faut croire en notre sport. Se dire que chaque jour ça s’améliore, et qu’il y a de moins en moins de tricheurs. »
Que vises-tu pour les prochains mois ?
« Je me focalise sur les championnats d’Europe, même si je n’ai pas pour objectif de gagner ou autre. Un TOP20 chez moi ce serait beau. Ensuite j’attaquerai les championnats de France de cyclo-cross à Lanarvily, puis pourquoi pas être retenu pour une sélection en équipe de France et participer à une Coupe du Monde. »
Et à long terme ?
« J’aimerai bien intégrer une équipe de Division Nationale et acquérir un niveau nécessaire pour aller au plus haut. »