Constat amer pour le team national féminin de cyclisme sur route lors des Jeux Olympiques. Rien, nada , oualou, peau de chagrin dans notre musette. Oh oui! On le sait, il est si facile de critiquer après la bataille mais au sein de la rédaction de Be Celt, nous avions déjà été surpris de la sélection Française. Les filles à Rio ont donné ce qu’elles pouvaient, elles n’ont pas a rougir de leurs performances au vu du profil montagneux et technique avec leurs états de forme actuel. Mais il ne fallait pas s’attendre à un miracle sur les routes de Rio sous le signe du « Cristo Redentor » (le Christ Rédompteur) et même un pèlerinage à Lourdes n’aurait rien changé. On le savait, mais nous étions peut être un plein déni, on était déjà parti brûler nos cierges. Mais c’est notre côté Français peut être, de croire aux miracles. Cela fait bien 31 ans que l’on pense trouver chaque année le vainqueur « made in France » du tour .
Non c’est vrai, on l’a un peu « mauvaise » ici, car on avait 2 guerrières capables de ramener une médaille, capable de « foutre le bordel » avec honneur et fierté sur les pentes de ce circuit. Edwige Pitel, la championne de France en titre et Elize Delzene 3ème du France CLM, les filles en forme du cyclisme tricolore. La première a terminé 4 ème du Giro Del Trentino au mois de juin dernier, elle est l’une des meilleurs grimpeuses du monde, la 2 ème cumule les podiums « en veux tu en voilà » sur les plus grandes courses UCI. Mais bon, elles n’ont pas été retenus et l’on reste dubitatif quand à la manière de sélectionner nos athlètes au sein de la Fédération Françaises de cyclisme, l’image au sein des médias serait elle plus importantes que les résultats? So french! Même Audrey Cordon reconnait, dans une interview, après course que les parties techniques sont sa hantise depuis ces 2 chutes durant la saison. Pas de chance pour la Bretonne, le circuit de Rio est l’un des plus techniques et devient un enfer si l’on ne maîtrise pas parfaitement cet art ! Mais faut croire au miracle !
Quand on a vu le circuit de Rio, la façon dont le peloton a couru, on ne peut s’empêcher de penser à Edwige Pitel qui aurait sûrement adoré livrer bataille à ces Néerlandaises et Américaines. Oui, on sait que c’est facile de balancer par la suite, mais c’était pour elle, elle y avait des chances, on le savait tous même aux plus hautes instances, Mais cette « fucking » arrogance bien de chez nous en a décidé autrement. On a pensé fortement à la championne de France durant ces moments. Du coup, on s’est dit qu’on allait l’appeler et lui demander comme elle vivait ça. Nous ne sommes pas surpris, elle a pris une « grande claque », la plus grande déception de sa vie d’athlète.
Edwige Pitel, comment vous sentez vous loin de Rio, là devant votre poste de télévision?
Edwige Pitel: » Comment voulez vous que je me sente ? J’en ai pleuré. C’est la plus grande déception de ma vie d’athlète. J’y avais mes chances, ce circuit difficile et technique me convenait parfaitement. C’était la plus belle occasion de ma carrière. Vous rendez vous compte que lorsque vous voyez ce circuit, que vous portez le maillot de championne de France, que vous êtes une pure grimpeuse et que vous êtes là chez vous a regarder la course, vous ne digérez pas vraiment. J’ai vraiment espéré que la Fédération allait me sélectionner et je me suis plantée encore une fois, comme en 2008, 2012 et maintenant 2016. Je fais partie des 5 filles, comme Elise et Pauline, à avoir qualifié la France sur le classement par points UCI, ces points qui nous permettaient d’avoir 2 ou 3 athlètes pour les Jeux, j’ai fait le job et j’ai encore récemment prouvé sur le Giro Del Trentino et sur le France que je savais grimper et que j’étais en forme. Mais bon, quand on m’a dit que je ne serais que remplaçante, je savais que c’était mort. Quelle athlète va dire qu’elle n’est pas en forme à l’approche de Rio, au départ de cette formidable aventure? Je savais que c’était foutu. Ma plus grande chance aurait été sur la course sur route. Le chrono, c’était moins accessible, mais avec ses 500m de dénivelés, j’aurais aimé faire face à ce challenge. Je suis vice championne de France. J’ai perdu la première place du chrono sur la partie roulante mais lorsque ça montait, je faisais les écarts, je faisais la différence. Mais la route, oui, j’aurai aimé y être, finir ma carrière la dessus et ça sera ma plus grande déception cette non sélection. Pauline était diminuée par son manque de préparation et ses problèmes physiques, mais elle a lutté avec ses armes. Pauline est une grande championne qui roule avec intelligence, une battante, j’aurais adoré être à ces côtés là bas à Rio. Et personnellement, j’aurais tant aimé participé à la bataille sur ces pentes exigentes de china Vista. «
Justement, 2 places, vous remplaçante. Pourquoi ne pas avoir fait la chasse aux points UCI comme les autres nations pour augmenter les chances aux JO?
Edwige Pitel; » Je n’en sais rien. J’avais l’impression en discutant du problème d’ être l’une des seules concernée par cette chasse importante aux points. Quand j’ai dit qu’on aurait dû plus se mobiliser et faire plus de petites courses dans des contrées lointaines où les points sont plus faciles à gagner, on m’a répondu que ce n’était pas comme ca qu’on se qualifiait aux JO, que ça n’avait pas de valeur. Pourtant beaucoup de nations le font, cette chasse aux points. Nombreux petits pays ne se qualifient que comme ça, et cette année ils étaient onze à prendre un quota au détriment des grandes nations les moins bien classées. Du coup, on n’a eu que 2 places et le pire, c’est que la France était le dernier grand pays à perdre son 3e quota. C’est la 1ere grosse erreur stratégique de la France, même si je trouve ces quotas trop drastiques, le nombre de participantes (67) trop faible, en comparaison avec ses messieurs (144). Mais 2 françaises de plus dans le top 100 ou 100 points UCI de plus à 5 , et on gardait notre 3e quota. C’était accessible. Ca s’est joué à rien.
Déjà en 2008, on m’avait volé les JO, sportivement, c’était indiscutable. Ensuite, en 2012 je peux comprendre, je sortais de 2 opérations de l’endofibrose de l’artère iliaque, qui m’ont fait perdre les 3premiers mois de la saison 2012. Je fais quand même 3ème du chrono national cette année là mais on sélectionne la 1ère, la 2ème et la 4ème et pas la 3ème, sur le critère de la jeunesse. Admettons.Mais cette année, j’ai répondu à toutes leurs exigences, et j’ai été la seule, avec Pauline, à suivre les meilleures sur des parcours difficiles, sans compter mes résultats aux France, un parcours à Rio taillé pour moi. Pourtant, ça n’a pas suffi. On ne peut pas dire non plus qu’ils aient pris les filles les plus en forme actuellement, ou que des filles ayant qualifié la France. On n’a pas vraiment pris la meilleure équipe possible. Je ne sais toujours pas pourquoi, je n’ai toujours pas de réponses. »
Quels sont vos projets pour la suite ?
Edwige Pitel; » Je ne sais pas encore. Je comptais sur le championnat d’Europe à Nice pour montrer que l’on pouvait compter sur moi et mince, voilà qu’il est annulé sur ce circuit qui me convenait parfaitement avec ces côtes. Une autre déception encore. Difficile de s’’arrêter comme ça sur cette grande désillusion. J’ai aussi envie de profiter de mon maillot de championne de France, de lui faire honneur. Je ne sais pas encore ce que je vais faire réellement, pour l’instant il faut que je digère Rio. »