Cela faisait 26 ans que le Franc Comtois Joël Pelier avait coupé les ponts avec le monde du vélo pro. Il fallait bien qu’il s’occupe de ses enfants après le décès de sa femme, il fallait bien s’occuper de la marmite. Les années passèrent et le champion qui avait remporté cette fabuleuse 6ème étape du Tour de France 1989 après 180 km d’échappé avec une dizaine de minutes d’avance, qui avait remporté une étape de Paris Nice en 1985 puis revêtu le maillot de leader, qui avait dompté la Côte de Saint Patrick sur la Nissan Classic chez ses amis Irlandais et tant d’autres batailles, a décidé de revenir dans le monde du cyclisme. Après une reconversion réussie dans le mondes des arts, Joël Pelier est maintenant un artiste sculpteur et expose désormais aux 4 coins de la France ces oeuvres, il se remet pourtant dans le bain du peloton pro. Déjà licencié à Hennebont Cyclisme en tant que cyclo mode « père peinard » chez son ami Cédric Le Ny, il sera de retour dans le monde pro mais cette fois ci dans la caravane du Tour, de celui qu’il avait quitté en 1990. Il sera le chauffeur des speakers officiel ASO pour divers épreuves dont le Tour. What else ! Qui peut mieux connaître le Tour sinon qu’un ancien guerrier qui y a livré ses plus belles batailles ?
Joël Pelier, vous revenez en tant qu’équipier sur le Tour de France et le Dauphiné, on vous pensait en retrait du cyclisme définitivement ?
Joël Pelier; » Oui, après le décès de mon épouse, je me suis occupé de mes enfants, ils étaient ma priorité, le sens de ma vie. Ensuite, au fil des années, j’ai décroché complètement. J’avais toujours ce rêve de devenir sculpteur. Quand ils sont devenus grands, je me suis mis à cette activité à temps plein. Je passais mes journées dans mon atelier puis à préparer mes expositions, j’étais vraiment lancé et rien ne pouvait plus m’arrêter, je me suis donné à fond, c’est mon tempérament. Un jour, des amis Bretons m’ont demandé de revenir parler à leurs jeunes, de leurs donner quelques conseils. Cela m’avait surpris car j’avais complètement coupé les ponts et je pensais que l’on m’avait oublié mais même en Irlande on se souvenait de moi, ça m’a beaucoup touché. Pour moi, le cyclisme, je ne le regardais plus que du coin de la lucarne, c’était une autre vie, un grand chapitre de ma vie. A la suite de vacances dans le Finistère pour aller voir le cyclo-cross de Lanarvily chez Patrick Le Her, on a eu une longue conversation avec Bruno Cornillet et Jean Vantalon, ils me tannaient vraiment pour que je revienne, histoire de retrouver des sensations enfouies au plus profond de moi, de distiller mon expérience d’homme à ces jeunes. Mais ils ont trouvé les mots qui ont su me convaincre.
J’en ai alors parlé à Bernard Hinault qui est resté mon ami, l’un des rares contacts que j’avais conservé avec Robert Le Marchand entre autre, j’en ai parlé aussi à ma femme Véronique qui me soutient depuis longtemps et me voilà dans la caravane du Tour. Et bilan de tout ça, je me suis remis à me souvenir de cette vie qui’ m’avait tant donné. J’ai hâte de la retrouver cette famille si l’on peut dire, de sentir cette ambiance, de revivre des moments intenses et de revoir des amis que j’ai perdu de vue il y a longtemps, on n’échappe pas à ses premiers amours (rires). Je serais aussi sur le Kreiz Breizh d’Alain Baniel le premier week-end du mois d’août, un vrai passionné de la vie lui aussi qui m’a recontacté et qui m’a beaucoup touché ! »
Désormais artiste sculpteur, vous avez trouvé le temps pour le cyclisme entre expos et travaux ?
Joël Pelier: » Oui, j’ai tout organisé avant de prendre cette décision. Je ne me lance pas totalement dans le bain. Je garde ma passion d’artiste sculpteur. Mais je pense qu’il y a pas mal de similitudes entre ces 2 mondes, artistique et sportif. Dernièrement mon exposition se nommait « Spontaneité ». Car je suis comme ça et je l’ai toujours été. J’ai besoin de cet état d’esprit pour continuer, pour respirer. Dans le sport, un bon attaquant se doit d’avoir ce trait de caractère aussi je pense, du moins je l’étais et cela m’a valut quelques victoires et quelques déboires (rires). La générosité dans l’effort aussi, dans le don de soi, et on retrouve cela dans certaines de mes pièces.
C’est un peu comme dans une boucle. Je retrouve le cyclisme qui me manquait en fin de compte mais entre temps, j’ai été exploré d’autres horizons que je voulais toucher et à la fin de cette boucle je retrouve pas mal de similitudes entres ces 2 mondes, je reviens au point de départ mais avec plus de richesses et d ‘expériences humaines. »
Liens du sculpteur Joël Pelier; www.joelpelier.com/