Photos DR www.tourdurwanda.rw
Le Breton Jérémy Bescond vient de terminer le Tour du Rwanda (UCI2.2) où il s’est classé 10ème du général. Une belle semaine où le champion a pu vivre une aventure sportive et surtout humaine extraordinaire. Il a rencontré un peuple accueillant voué à la culture vélo, puis constaté que l’essor du cyclisme Africain n’est pas une vaine conception mais qu’elle est bien réelle. Le vainqueur Jean-Bosco Nsengimana n’a que 22 ans et est déjà promis à un bel avenir. Il en a bien bavé le Breton face à l’Armada Rwandaise qui ne lâchait rien et aux Erythréens qui dominaient en altitude. Une belle aventure qu’a vécu Jérémy Bescond dans le pays des Mille Collines, avec ces lacs à perte de vue et ses paysages à couper le souffle, le tout relevé par l’hospitalité d’un peuple, celui du Rwanda.
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Jérémy Bescond, comment sortez vous physiquement de l’aventure Rwandaise ?
Jérémy Bescond: » Pour être franc, suis un peu rincé physiquement et moralement. C’était génial ce Tour du Rwanda, avec seulement 2 étapes au sprint et des arrivées surprenantes comme celle de Kigali avec ces pavés détrempés, ces paysages et tout le reste. Ils ont fait une belle épreuve. Mais là, il est temps que je fasse une pause après une longue saison sur route et quelques cyclo-cross avant de partir là bas, j’ai senti sur les derniers jours que j’étais vraiment fatigué. »
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Difficile ce tour du Rwanda ?
J.B
: « Oui, il n’est pas facile du tout. Surtout que l’on avait à faire à 3 équipes du Rwanda (15 coureurs) qui courraient pour un seul leader. Dès que l’on voulait partir en tête, on était sûr qu’ils allaient envoyer un ou plusieurs gars nous chercher. J’ai bien essayé et ils m’ont repris, ce qui était normal car j’étais bien classé au général. Mais ils faisaient subir le même sort à tous. N’importe quel coureur qui sortait du peloton avait le droit au même sort. C’est le seul détail qui peut empêcher l’essor grandissant de cette épreuve je pense, c’est le fait que les Rwandais roulent tous pour le même leader et cadenasse la course, ca peut décourager d’autres teams d’y venir. Ensuite, j’ai été un peu malade sur une étape, et ce jour là ça avait été dur. »
Un véritable essor du cyclisme au Rwanda et Africain
J.R: « C’est clair, il ne sera pas surprenant de voir plus de coureurs Africains sur les grands tours bientôt. Le Rwandais ont une belle école de cyclisme, crée par l’Américain Jock Boyer qui a fait un travail titanesque là bas. Jean-Bosco le vainqueur est vraiment costaud et il n’a que 22 ans. Lors de la folle arrivée à Kigali sur les pavés détrempés, c’est lui qui l’emporte en costaud. La pente pavée était raide et la tête du peloton avait mis pied à terre, le seul qui ne l’avait pas fait, c’était lui. Ensuite, il y avait les Erythréens qui sont aussi de gros moteurs et grimpeurs comme Mektel Eyob qui remporte la dernière étape. On les reverra sur des courses Européennes bientôt je pense. »
Comment était l’ambiance sur ce tour ?
J.B: « Enorme, c’était l’Alpe d’Huez sur chaque étape, du début d’épreuve à la fin. Même sur le plat, la foule ne s’écartait qu’au dernier moment, c’était incroyable ! Le cyclisme est le sport Roi au Rwanda. Un soir, on était dans un stade pour voir un match de foot contre la Namibie. Le Rwanda perdait 3 à zéro. La foule s’est mise debout et a crié « Vélo, vélo, vélo! ». Un peuple passionné de cyclisme. »
Quels images gardez vous de cette aventure?
J.B: » Plusieurs images en moi. Celles du tour bien sûr mais du pays et de ces visages toujours souriants. Quand j’ai débarqué à l’aéroport de Kigali, j’ai remarqué qu’il y avait des militaires armés tous les 200 mètres. Ils sont très présents après ce qu’ils ont vécu bien sûr et on s’y sent vraiment en sécurité. Malgré tout ça, ils viennent vers nous, nous apprennent beaucoup de choses sur la vie. C’est un peuple souriant et humble, ils sont supers accueillants et pourtant ils ne possèdent pas grand chose. J’ai cet exemple avec un coureur. Lors de la dernière étape, j’ai remarqué un coureur qui n’avait pas grand chose, sinon son courage mais un équipement pas vraiment adapté. Il avait de vieilles chaussures mal adaptées. Je me suis dirigé vers lui et je lui ai donné les miennes, il le méritait largement. Il m’a remercier 150 fois et j’étaitgêné. Ces gens m’ont donné beaucoup plus, j’ai reçu une belle leçon d’humilité au Rwanda. »