A 37 ans, l’ancien professionnel Nicolas Fritsch en a vécu comme d’autres champions des vies différentes. Pro durant 8 ans, au sein du team FDJ et de Saulnier Duval, il a quitté sa seconde famille en 2006. Le « Parisien » s’en est allé dès lors vers un retour aux sources dans le team élite AVC Aix en Provence, histoire de retrouver ses sensations qui lui font rappeler les raisons de son amour du sport en général, du cyclisme en particulier. Pour ne pas claquer la porte comme un « con » sans comprendre ce pourquoi il avait choisi cette voie. Comme la chanson des Stones « Gimme Shelter », le sport reste son abri quotidien face à la tempête, à la violence de la vie, tout en lui apportant cette passion indescriptible que peut aussi apporter le sport, pro particulièrement. Son adrénaline, son besoin quotidien, son « style de vie » !
Pas le genre de mec qui part aigri d’un monde parfois difficile voir souvent indifférent au sort réservé à ces hommes qui ont tout donné pour la cause. Non, le « Nico » en a gardé aussi de bons souvenirs et des leçons de vie même si parfois sa gueule de « beau gosse » s’est retrouvée face contre terre à bouffer de la poussière ! Guerrier, il l’a été aussi comme sur le Tour de Suisse en 2002 où il se classa 3ème derrière un certain Alex Zulle, triomphant même sur les terres Celtes de la Bretagne comme le « Parisien » l’a fait sur le Tour du Finistère en 2003 devant l’enfant du Pays Yoann Le Boulanger (Feck it!!), la même année de son exploit en solitaire sur une étape de Paris Corrèze. Equipier discret sur les grands Tours et classiques, peut être un peu trop, mais terriblement efficace, il en a été dans de nombreuses batailles au sein de la FDJ ou de Saulnier Duval.
Quand son « pote » Erwann Menthéour » crée Fitnext (www.fitnext.com/), il le rejoint sans hésiter. Toujours dans ce « trip » sport à dimension humaine pour faire bouger les gens, les mœurs et ces habitudes. Bref, pas vraiment une sinécure en cette époque actuelle, mais qu’importe! L’objectif humain lui plaît. Il marche comme ça « Nico », au feeling, aux coups de cœur !
Dorénavant conseiller auprès de l’agent Clément Gourdin, il distille ses conseils aux jeunes qui partent rejoindre ce monde qui les changera sûrement à jamais, afin de leur éviter ce que lui à vécu avec tous ses pièges. Leur apporter ce petit « je ne sais quoi » , ce facteur humain qui fait toute la différence. Pour changer aussi cette idée que se font les jeunes coureurs Français du monde des agents, « Nico » a rejoint Clément Gourdin. Et même si ils n’ont pas encore remplit le carnet des meilleurs Français, les coureurs qu’ils ont en charge sont surtout sûrs d’être épanouis en gardant cet adage en tête, venu d’outre atlantique » Be happy on your bike » !
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Nicolas Fritsch, 8 ans passés dans les rangs pros, que devenez vous maintenant ?Nicolas Fritsch
: » Je suis toujours dans le monde du sport. En 2006, malheureusement j’ai eu pas mal de soucis avec des chutes à répétitions, je suis donc parti dans le club DN1 AVC Aix en 2007 . J’y avais retrouvé le goût du cyclisme, de l’effort, de ce monde, c’est là que je me suis éclaté, j’avais besoin de partir en paix avec le vélo. J’ai mis un terme à cette vie l’année suivante. J’ai fait un break pour prendre un peu de recul mais j’avais toujours gardé contact avec le sport. J’ai travaillé pour ESP consulting et j’ai ensuite rejoint mon ami Erwann Menthéour dans son entreprise de coaching en ligne FITNEXT, avec Florent Brard (champion de France 2006), qui est une formidable aventure humaine. En parallèle, j’ai rejoint il y a quelques années Clément Gourdin, l’agent de coureurs en tant que conseiller sportif. »
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La FDJ puis Saulnier Duval, vous en gardez de bons souvenirs ?N.F
: « Oui, bien sûr. C’était une grande aventure. A l’époque, je fais 3ème du Tour de Suisse, une étape sur Paris Corrèze, le Tour du Finistère, oui c’était une belle aventure. La FDJ était une équipe un peu différente de celle d’aujourd’hui car on avait pas mal d’anglo-saxons à l’époque comme Bradley Wiggins, Baden Cooke ou Bradley McGee. Il y avait une belle ambiance et on a gardé contact avec certains. Dernièrement sur Paris Nice, j’ai revu Bradley qui est devenu « Sir » maintenant et on était vraiment content de s’échanger quelques mots. Avec Saulnier Duval, c’était le côté melting pot de l’aventure qui m’intéressais. J’étais un équipier au service de gars comme David Millar ou Gilberto Simoni, des espagnols, britanniques, italiens. J »y ai vécu de bons moments. »
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Votre carrière s’est terminée discrètement
N.F: » C’était un peu de ma faute. En 2006, j’ai connu une année de maladies (varicelle à 27 ans) et de chutes, ça a été une année usante et j’ai perdu ma motivation, mon envie de me battre. En course seulement, mais pas à l’entrainement. J’avais toujours envie de vélo, mais de vélo plaisir. Et c’est pour ça que j’ai voulu continuer en élite à l’AVCAix. Du coup, je n’avais pas envie de me démener pour me vendre et parler de moi à des équipes. J’étais revenu au top de ma forme mais je n’avais plus cette flamme, j’étais émoussé du monde pro. J’ai retrouvé cette étincelle en revenant chez les élites mais c’était peut être trop tard pour revenir dans le monde pro par la suite. Si j’avais eu un mec comme Clément à mes côtés, pour m’insuffler de nouveau cette envie, ca aurait sûrement changé les choses. C’est pour cela que je l’ai rejoint avec Regis Lhuillier qui était coureur avec moi à la FDJ et devenu conseiller en gestion de patrimoine, pour ne pas que les jeunes fassent les même erreurs que moi. »
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Pourquoi avoir rejoint Clément Gourdin , vous qui n’avez pas eu d’agent durant votre carrière ?
N.F: » Justement, c’est peut être pour ça. J’étais jeune, un peu insouciant et je n’en voyais pas l’utilité. Et donc du coup, je n’avais personne pour gérer ma carrière. Ca a été sûrement une erreur, une belle bêtise, car un agent aurait été peut être très utile en fin de compte. Quand Clément Gourdin m’a proposé de le rejoindre en tant que conseiller sportif il y a 2 ans, j’ai dit ou pour différentes raisons. Clément, c’est un gars qui était coureur amateur lui même, il connait bien ce que veux dire être coursier et il a une connaissance sur le droit qui est vraiment pointue. De plus, il a une approche humaine qui me plaît, et pour ma part je connaissais bien le monde pro, du coup on est complémentaire. C’est vraiment cette vision humaine du sport pro qui m’a fait venir. »
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Pourquoi, selon vous, si peu de jeunes coureurs Français prennent des agents?
N.F: « Contrairement aux coureurs étrangers, on n’a pas la culture de l’agent en France. On les imagine avides d’argent, un peu escroc. C’est vrai qu’il peut y avoir des brebis galleuses dans ce domaine, mais chez nous, on n’accorde beaucoup d’importance au suivi d’un jeune coureur. Il ne suffit pas de lui trouver un contrat et hop on n’arrête là! Il faut le suivre tout le long de sa carrière, être disponible quand il a besoin de parler, de l’écouter et le conseiller. Son équipe est son patron et il ne peut pas forcément s’épancher sur les épaules de son employeur. Parfois, il peut nous appeler même en pleine nuit pour répondre à ces attentes et on lui dit comment s’y prendre, on le conseille sur sa vie professionnelle. Pour Clément et moi, la psychologie du coureur est toute aussi importante que son potentiel physique, on connait nos jeunes et quelle genre d’équipe lui correspondra le mieux afin qu’il y s’épanouisse au maximum. Un coureur doit se suivre sur le long terme et le relationnel est très important, il nous faut avoir ce feeling avec l’athlète. Avec cette approche, tout le monde est gagnant, il y a bien sûr une histoire d’argent mais si on met ca en priorité, on n’ira pas loin, il faut d’abord avoir cette vision humaine. »
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Combien de coureurs sont chez vous?
N.F: « Une petite vingtaine, c’est peut être peu pour l’instant mais on va s’élargir, on préfère bien faire notre boulot et nous développer progressivement tout en gardant de la qualité. Step by step ! ». »
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Vous qui aimez les relations humaines, les échanges, comment expliquez vous que peu de Français partent dans des équipes étrangères ?
N.F: « Il y a plusieurs raisons. D’abord parce que l’on a des grosses équipes chez nous comme la FDJ, Cofidis et d’autres. Le jeune coureur Français vise ces teams, car il y est bien encadré, pris en charge et suivi. Et le mec qui partait à l’étranger était un peu vu comme un mercenaire à mon époque. On n’a pas encore cette culture du cyclisme international.
Ensuite, il y a peu les étrangers ne voulaient pas de Français non plus, ils nous voyaient comme des « pleureuses ». On ne gagnait jamais pendant l’ère Amstrong et on gueulait pas mal. Mais maintenant les choses ont changé, et de plus en plus de jeunes Français tentent l’aventure comme Julian Alaphilippe, Clément Chevrier ou Warren Barguill qui s’épanouissent complétement à l’étranger. On évolue petit à petit et je pense qu’en on verra d’autres très bientôt. »
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