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Le vainqueur du Tour de France 1987, l’Irlandais Stephen Roche travaille actuellement sur ce Tour 2015 pour la marque SKODA dont il est l’un des Ambassadeurs. A peine arrivé dans le Sud ouest et profitant de l’étape de repos, ce denier a enfourché son vélo avec quelques amis pour se « faire l’ascension » du fameux Col de l’Aubisque, situé à 50km de leur hôtel. Car c’est sur ces pentes que s’est bâti une partie de son histoire avec sa victoire il y a trente ans tout juste cette année. Avec son ami Malcom Elliott (3 victoires d’étapes sur le tour d’Espagne et premier Britannique a remporte le maillot aux points ), ils ont fêter ça à leurs manières, comme une sorte de pèlerinage que font les grands guerriers sur le champ de bataille de leurs premiers combats, question de nostalgie. Une ascension dont l’Irlandais ne pensait pas que cela pouvait « piquer autant les jambes », puis ensuite la descente « pleine balle » comme à cette époque où ils ne craignaient rien ni personne, et une arrivée en plaine avec une vitesse oscillant les 44km/h dans les 15 derniers km qui a fini par rassurer les champions sur les beaux restes de ces derniers. Profitant de l’occasion de cette journée de repos, Be Celt a recueillit les impressions auprès du vainqueur du Tour 1987 sur cette première semaine un peu folle.
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Stephen Roche, quels sont vos impressions après cette première semaine de tour ? «
Stephen Roche « Ca a été une belle semaine. Les 4 favoris se sont déjà placés, même si je pense qu’il y en a réellement 5. On a vu un Chris Froome agir en vrai patron, attaquer et tester ces adversaires. Même si il s’est montré parfois nerveux, il a vraiment bien géré cette première semaine de course qui n’était pas évidente avec ces étapes qui ressemblaient plus à des classiques avec toutes ces bordures par exemple. Alberto Contador est 5ème à une minute, il a su limiter la casse avec une très bonne équipe à ces côtés. Quintana a vraiment perdu peu de temps, il est à 1min 59, autant dire que ce n’est pas grand chose avant la montagne dont il maîtrise parfaitement les ascensions. Pour Nibali, ca risque d’être un peu plus compliqué je pense, car reprendre plus de 2min20 à Chris Froome risque d’être mission impossible à moins que le leader des SKY ai un jour « sans » mais ça je n’y crois pas trop. Devant Nibali, il y a tous les autres leaders, il faut aussi les battre avant de se frotter pour la première place. Je pense que ça va être dur pour l’Italien. »
On parle peu de lui, mais l’Américain Tejay Van Garderen est second à seulement 12 sec. Il sait bien se battre maintenant et gère parfaitement ses efforts. Il ne faut pas oublier comment il s’est défendu sur le dernier Dauphiné où il termine 2ème du général derrière Froome. Dans la dernière étape, il s’est vraiment comporté en leader et il s’est accroché, a tout donner pour tenter de gagner. Il a pris de la « caisse », plus de maturité, il sait très bien se gérer désormais. En plus, il a aussi de bon équipiers autour de lui comme Rohan Dennis. Il ne gagnera pas cette année je pense mais je le vois bien sur le podium final à Paris et c’est un sérieux prétendant à la plus haute marche pour les prochaines années. »
Les Pyrénées arrivent demain, une idée de scénario possible ?
S.R: « Ca va attaquer, c’est sûr, c’est prévu pour ça la montagne. Je pense notamment à Quintana, si il veut être sur le podium et sur la plus haute marche, il faut qu’il se batte d’abord contre Contador et Van Garderen. Leur récupérer le plus de temps possible et pour cela, il faut qu’il le fasse dès les Pyrénées si il veut se livrer à un duel avec Froome dans les Alpes. Les pentes des Pyrénées sont un peu plus dures que les Alpes et conviennent parfaitement à un coureur comme Quintana. Comme je l’ai dit avant, il faut battre déjà le 3ème et 2ème si on veut la première place donc, il faut qu’il mette la pression sur Contador, Van Garderen et Nibali dès maintenant.
On sera aussi chez les Espagnols, et chez eux les coureurs Ibériques ont des ailes devant les fans et ils seront présents aux avant postes. Froome devra surveiller tous ce monde là. Ca va être une première belle bataille de montagne. »
Pensez vous que les Français Peraud, Pinot ou Rolland peuvent récupérer du temps pour décrocher un top 5 au général?
S.R: » Thibaut Pinot est à plus de 8min, Pierre Rolland à 11, ca risque d’être un peu compliqué. Peraud est à 3min30 et il a de bons équipiers, ils peuvent envisager une très bonne place au général. Mais ce podium est très disputé et j’imagine difficilement un des trois sur l’une de ces marches. Je pense que des gars comme Thibaut Pinot peuvent gagner une étape de montagne. Avec ce retard, il ne sera pas vraiment marqué par les SKY ou les autres grosses écuries. Ce qui lui permettra d’avoir une marge de manœuvre pour aller chercher une victoire d’étape et de récupérer quelques minutes. »
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Chez les Irlandais, Dan Martin peut il décrocher sa victoire d’étape selon vous ? »
S.R: »Oui, mais il faut qu’il se place mieux je pense, il a toujours un peu de mal a trouver une bonne place pour se lancer. C’est une très bon coureur et grimpeur. On l’a vu dans le final de Mûr de Bretagne, il était le seul à pouvoir chercher Vuillermoz, mais bon il est parti un peu tard. Il est un peu esseulé par manque de coéquipiers dans les finals qui montent, ce sera à lui de bien se placer si il veut en décrocher une. »
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Comment va Nicolas, votre fils, après cette première semaine à travailler pour son leader Froome?
S.R« Bien, il se sent bien. Il fait son job d’équipier. Contrairement à plusieurs coureurs, il ne vise pas de victoire personnelle, juste la victoire de son leader et de son équipe, seul ça l’importe plus que tout. Ils ont eu pas mal de pressions mais ils ont su gérer toutes les attaques des autres équipes. Maintenant que cela monte, le rôle de Nicolas risque d’être différent. Geraint Thomas et Ian Stannard qui ont fait un super job durant la première semaine seront sûrement moins présents sur les cols. Donc, je pense que l’on verra plus Nicolas à l’avant aux côtés de Poels, Porte pour amener Froome sur la plus haute marche. »
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Quel coureur vous a le plus impressionné durant cette première semaine ?
S.R: « Je ne sais pas si il faut le dire car ca peut lui mettre un peu de pression. Le Français Alexis Vuillermoz m’a vraiment épaté. Quel talent! Il a réalisé une démonstration des ces qualités de puncheur durant la montée du Mûr de Bretagne. Il attaque une première fois et fait voler la moitié du groupe. Il temporise et en remet une au bon endroit pour l’emporter avec panache. Il m’a beaucoup plus qu’impressionné, il m’a subjugué. En plus, il est jeune et roule avec une réelle intelligence. Avec cette discrétion particulière, il sait ne pas trop se mettre en avant pour rien et sait attaquer subitement. C’est le coureur de la semaine à mes yeux. Il ira loin. »