Dans le milieu du cyclisme, on parle des coureurs, mais sans l’aide des mécanos, des soigneurs, des membres du staff, les champions ne seraient pas dans les meilleures conditions pour aborder leurs courses. On retrouve souvent des anciens champions chez les soigneurs. Leur expérience et leur passion pour la cause cycliste et pour le coureur sont de véritables atouts pour une équipe. Ils font partie des maillons de la grande chaine du vélo. L’Irlandais John Caffrey, sportif haut niveau dans le triathlon et duathlon et cycliste émérite a été (avec l’ancien professionnel Karl Donnelly) le soigneur d’Europcar sur le dernier Giro en Irlande. John Caffrey a bien voulu répondre a nos questions sur son travail.
Comment êtes vous devenu le soigneur de l’équipe française Europcar sur le Giro à Belfast et Dublin ?
« J’ai été recommandé par certains de mes clients, ici en Irlande. Je les aide pour leur forme physique et pour se remettre de certaines blessures. La première rencontre avec les coureurs et le staff de l’équipe s est fait lors de notre arrivée à leur hôtel durant la nuit. On a tout de suite été a l’aise car le team nous a vraiment bien accueilli et nous a tout de suite intégré à leur famille, leur clan. Nous faisions réellement parti de l’équipe, pas seulement comme des gars qui viennent les aider. »
Quel était votre rôle dans l’équipe ?
« Au sein de l’équipe, je travaillais comme soigneur, ce qui est une place multi-fonctions. A Belfast, c’était assez facile car nous étions dans le même hôtel pour 4 nuits, donc on n’avait pas besoin de déballer et remballer tous les jours. Notre job de soigneur est assez étendu, en plus des massages et des soins, nous devons ramasser les sacs de tenues des coureurs, ensuite les mettre dans le camiom du team dès le début de l’étape pour les récupérer a l’hôtel suivant afin que dès qu’ ils ont fini l’étape, ils puissent les retrouver dans leur chambre. C’est une routine bien huilée : on commence tôt le matin vers 7 h, on prépare les musettes et les bouteilles, on utilise environ 100 bouteilles par jour. On trie aussi les tenues des coureurs avant de préparer les vélos et les cadres de rechange. Enfin, avant chaque étape, on pratique un massage d’échauffement rapide sur les coureurs. Dès que la course commence, on file vers la prochaine zone de ravitaillement et on attend l’arrivée des coureurs pour leur donner leur musette.
A la fin de chaque étape, de nouveau on attend les coureurs pour les prendre en charge immédiatement après la ligne d’arrivée pour les diriger soit vers le podium ou le parking des voitures et des camions où il se reposent avant de rentrer a l’hôtel. Après une douche rapide, on les masse chacun 1h pour que leur corps soit en parfaite condition pour le lendemain. »
Vous êtes un champion de duathlon et de triathlon, c’est un plus pour ce travail ?
« Le fait que vous veniez d’un milieu sportif contribue certainement a ce que vous compreniez les exigences du sport sur le corps humain à la fois mentalement et physiquement. Cela vous aide à comprendre l’humeur des coureurs avant une course et les priorités a prendre lors des différents stades de la journée sur l’épreuve.
Comme je traite avec beaucoup d’athlètes dans différents sports, cela vous aide à comprendre les exigences physiques et de comprendre pourquoi le comportement du corps et si la réaction est normale en raison de la charge de travail ou s’il doit y avoir une raison de s’inquiéter. Comme vous le mentionnez, je viens du triathlon / duathlon et je faisais du canoë a haut-niveau avant de m’orienter vers le vélo ces dernières années, ça permet de se familiariser avec plusieurs aspects du sport et de comprendre les exigences courantes, comme dans le cyclisme, sur le positionnement du vélo, les changements de chaussures et pédales car chaque coureur a un style différent, il faut toujours être à l’écoute du sportif. »
Des Irlandais dans un team Francais, vous n’aviez pas trop de problèmes de compréhension ?
« J’ai étudié le français à l’école il y a vingt ans mais c’est surprenant comment les automatismes de la langue reviennent vite. C’était agréable d’essayer de parler français avec les coureurs et cela facilite le travail. Les coureurs dont je m’occupais parlaient aussi très bien l’anglais par la suite et donc on s’aidait sur la traduction de certains mots, c’était vraiment sympa et ça a bien fonctionné, la langue n’était pas du tout un problème. »
Peut-être sur le Tour de France ?
« Pour être réaliste, je ne pense pas que ce sera pour 2014. Nous avions été prévenus en janvier pour le Giro. Tout s’est très bien passe avec l’équipe et nous sommes restés en contact. Bien sur, nous espérons faire des courses avec eux plus tard en 2015, c’est vraiment un super team. »
En tant que specialiste du sport, comment expliquez vous l’essor du cyclisme irlandais ?
« C’est vraiment bien de voir beaucoup de bons coureurs Irlandais qui émergent en ce moment et j’espère qu’il y en aura d’autres au plus haut niveau. C’est génial de les voir sur les plus grandes courses avec ce désir de gagner comme Nico Roche, Philip Deignan, Dan Martin lors des étapes de montagne et Sam Bennett sur les sprints. Sam est un jeune prometteur pour l’avenir. Espérons que l’essor des juniors a l’heure actuelle va se poursuivre. Il sera intéressant de voir l’évolution du jeune Eddie Dunbar qui semble promis a un bel avenir. »